Abdoulaye Dione chef du village de Ndingler décoré par Amnesty Senegal pour sa « bravoure »
« On est dans une galère dont personne ne peut mesurer la portée, car ces terres, dont on nous prive, sont nos seules sources de revenus. Ces terres sont à nous, on les a héritées de nos ancêtres », souligne Abdoulaye Dione, Chef du village de Ndingler.
Revenant sur l’affaire qui les oppose à l’homme d’affaires, Babacar Ngom SEDIMA, Abdoulaye Dione explique : « C’est en 2014 que Babacar Ngom est venu me voir pour me proposer une collaboration en contrepartie de ces terres. Mais je n’ai pas accepté, et je lui ai demandé de nous laisser avec nos terres: ‘´tu as acquis beaucoup de titres fonciers, contente toi de ça et laisse nous avec nos terres’’. Il s’en est allé, et depuis nous avons continué à exploiter nos terres comme il se doit », explique –t-il.
Quatre après, souligne Abdoulaye Dione, il est revenu à la charge. « Un jour à l’improviste, un des habitants vient m’annoncer qu’il y a des gendarmes sur nos champs. Étonné de leur présence en cette période de moisson, j’ai envoyé mon petit frère pour s’enquérir de la raison de leur présence et c’est ainsi que le commandant de la gendarmerie lui a notifié que Babacar Ngom a fixé les limites des parcelles et fait savoir qu’il ne touchera pas les vôtres sans votre aval. 3 jours après, les jeunes se sont rendus sur les lieux pour ramener des herbes pour les chevaux et ils ont été arrêtés et amenés au poste par des gendarmes trouvés sur place, où ils ont passé la journée avant d’être libérés. Face à cette situation, on est allés chercher une autorisation pour manifester mais elle nous a été refusée. On a essayé tous les recours possibles. En vain…», déclare le patriarche.
Depuis, le bras de fer a démarré entre les habitants et le patron de Sedima. Malgré les arrestations entre autres formes d’injustices, les habitants de Ndingler avec à leur tête, Abdoulaye Dione, n’ont pas cédé, jusqu’à la sortie de l’ordonnance du préfet de la localité invitant les deux parties à ne plus exploiter ces terres en question. Une décision qui n’arrange pas ces cultivateurs qui dépendent de ces champs pour survivre.
Depuis 2 ans, maintenant, ces terres sont inutilisées, malgré l’appel des villageois. « Deux ans de galère, deux ans de souffrance, rien ne va plus au village de Ndingler, on nous a privé de notre seule source de revenu que sont nos terres, mais on ne cédera pas. même si l’on me dit si l’on nous rend nos terres le matin je mourrais dans l’après-midi, je me battrais », a soutenu Abdoulaye Dione.
Amnesty internationale interpelle Babacar Ngom et l’Etat du Sénégal à revoir leur position dans cette affaire.
Selon Seydi Gassama Directeur exécutif, Amnesty Sénégal Babacar Ngom doit savoir, que « ces terres lui sont peut-être légales, mais pas légitimes ». Les droits de l’hommistes menacent de porter le combat de Ndingler dans les instances internationales compétentes. L’entité a rendu un hommage au patriarche Abdoulaye Dione dont il salue la « bravoure, la dignité et le courage, » malgré tout.